D'une rive à l'autre


Esquisse de genre à mi-chemin entre le théâtre et le salon, ce programme mélange les différents arts de la scène de la période baroque.

Deux cantates, Arion d’André Campra et Léandre et Héro de Louis-Nicolas Clérambault, sont accompagnées de textes introductifs d’auteurs de l’époque. La partie centrale de ce programme, quant à elle, mêle un texte déclamé autour de la Naissance de Vénus et des extraits musicaux et chorégraphiques d’époque pour illustrer celui-ci.

 

 

● Arion et le dauphin

« Quels accents frappent mes oreilles ! », Ode sur les arts , de François-Thomas-Marie de Baculard d’Arnaud, 1754

« Arion », Cantates françoises, Livre Premier d’André Campra, 1708

 

● Divertissement dansé autour de la Naissance de Vénus

Extraits de la Théogonie d’Hésiode, traduite par Pierre-Louis-Claude Gin, 1785

Danses extraites d’opéras de Lully, Campra, Gatti, Marais, Rebel et Desmarest

 

● Léandre et Héro

« Léandre à Héro », Épîtres héroïques d’Ovide, traduit par Mlle l’Héritier, 1728

« Léandre et Héro », Cantates françoises, Livre Deuxième de Louis-Nicolas Clérambault, 1710

 

Distribution

 

Sarah Rodriguez : chant, déclamation

Diane Omer : danse baroque, clavecin

Clément Zanni : flûte traversière baroque

Paulo Castrillo : violon baroque

Manon Chapelle : viole de gambe

Leo Brunet : théorbe

Note d'intention


Genèse d’un programme

Les oeuvres des poètes & philosophes de la Grèce antique tels que les Epitres Héroïques d’Ovide, la Théogonie d’Hésiode ou les Histoires d’Hérodote ont servis de source d’inspiration à de nombreux artistes et penseurs durant de nombreux siècles. Lors du siècle des lumières, les artistes de divers horizons apportent un florilège de ce que leur art peut offrir de plus orné et de plus coloré afin de mettre en relief ces récits mythologiques qui furent en leur temps le fondement de la croyance du commun des mortels et en véhiculaient les valeurs et idées. C’est dans ce contexte que se crée notre programme selon les inspirations d’artistes littéraires d’un baroque quelque peu tardif et contemplatif où les affects humains se mêlent et s’entrechoquent telles des vagues en pleine tempête : gaieté et jalousie, amour et impatience, souffrance et soulagement s’expriment à la lumière d’un langage musical parfois bavard, souvent touchant mais toujours transportant le public contemporain sur une rive lointaine, celle de la musique baroque.

 

Un siècle riche

La musique baroque porte de par son nom de « perle irrégulière » toute la volonté d’irrégularité et de richesse qu’ont revêtu tour à tour tous les domaine artistiques après une longue période complexe au niveau du rayonnement culturel et social que fut celle du Moyen-Âge. Cette volonté a pu s’exprimer grâce à l’élan de renouveau que donna la Renaissance, qui puise d’ailleurs une grande partie de ses sources dans la Grèce Antique. Époque de contrastes et de grandiloquence, le baroque est « un monde où tous les contraires seraient harmonieusement possibles » comme le disait si bien Philippe Beaussant l’un des fondateurs du Centre de Musique Baroque de Versailles, centre pionnier en matière de redécouverte et valorisation des répertoires des XVIIe et XVIIIe siècles français. En effet, qui mieux que la France, de par son excentricité et son sens de la démesure a pu en son temps faire preuve d’irrégularité ? Avec l’un des plus grands monarques en matière de soutien à l’art, notre Roi Soleil a su créer une des plus grandes institutions musicale de son temps : l’Académie Royale de Musique, théâtre des plus belles tragédies ou des ballets les plus croustillants permettant les apparats les plus somptueux dans le magnifique château de Versailles qui lui servit de logis.

 

Vous avez dit Baroque ?

L’Opéra baroque à la française est des plus riche et, afin de donner au spectacle sa complétude la plus parfaite, il sert avec fidélité les neufs muses de la mythologie : Clio (histoire), Euterpe (musique), Thalia (comédie), Melpomène (tragédie), Terpsichore (poésie lyrique et danse), Erato (chant nuptial), Polymnie (pantomime et rhétorique), Uranie (astronomie et astrologie) & Calliope (poésie épique). Nous n’avons ici point l’ambition de recréer un opéra, néanmoins, vous trouverez dans ce programme une esquisse de ce que le baroque peut proposer de plus varié dans un programme de salon qui vous fera voyager dans la grandiloquence de la scène baroque, de la tragédie au divertissement. Guidé par les lois de

la rhétorique musicale, cantates et pièces à danser de compositeurs réputés de la fin du XVIIe - début XVIIIe siècles tels que Clérambault, Campra et Revel sont mis en lumières par les traductions mythologiques d’auteurs qui leurs sont contemporains tels que M. Arnaud, Mlle L’Héritier ou M. Gin. 


Spectacle créé en juin 2019 à l'Hôtel de ville de Versailles, dans le cadre du Mois Molière.